Depuis quelque temps, des publicités circulent pour un soi-disant « Programme Nvidia Royalties ».
On y promet des revenus réguliers grâce à Nvidia, sans même posséder ses actions.
L’idée paraît séduisante : profiter du boom de l’intelligence artificielle, tout en encaissant de l’argent régulièrement.
Mais derrière ce discours marketing bien rodé, la réalité est tout autre.
Ce « programme » repose sur une stratégie bien connue des traders : la vente d’options put.
Et contrairement à ce que la présentation laisse entendre, le risque est loin d’être anodin.
D’où vient le concept de « royalties Nvidia » ?
Le terme « royalties » évoque des revenus passifs, comme des redevances versées automatiquement.
Mais ici, il ne s’agit ni de dividendes, ni d’un quelconque droit sur les bénéfices de Nvidia.
En réalité, l’investisseur vend une option put sur l’action Nvidia (symbole NVDA).
Cela signifie qu’il s’engage à acheter l’action à un prix fixé à l’avance si elle baisse trop, en échange d’une prime immédiate.
Autrement dit :
Il touche un revenu aujourd’hui, mais prend le risque d’acheter Nvidia à un prix élevé si le marché chute demain.
C’est cette prime, encaissée dès la vente du put, qui est présentée sous le nom de « royalty ».
Comment fonctionne réellement cette stratégie
Le principe est simple :
l’investisseur vend un contrat d’option put sur Nvidia, encaissant une prime dès la mise en place de la position.
Deux scénarios sont alors possibles :
1. L’action Nvidia reste au-dessus du prix d’exercice
Dans ce cas, l’option arrive à échéance sans être exercée.
L’investisseur garde la prime qu’il a encaissée au départ, sans rien devoir acheter.
C’est le scénario idéal, celui mis en avant dans les brochures commerciales.
2. L’action Nvidia passe sous le prix d’exercice
Si le titre baisse sous le seuil fixé, l’investisseur doit acheter 100 actions Nvidia au prix prévu dans le contrat.
Et si la chute est importante, la perte peut rapidement dépasser plusieurs fois la prime initialement reçue.
Autrement dit, la prime représente un gain limité,
alors que la perte potentielle est bien plus importante.
Un rapport rendement/risque déséquilibré
Cette stratégie est souvent présentée comme un moyen de générer des « revenus réguliers ».
Mais la réalité, c’est que le rendement est plafonné alors que le risque est théoriquement illimité.
En cas de forte correction du marché ou d’un retournement brutal sur les valeurs technologiques,
le vendeur du put peut être contraint d’acheter Nvidia à un prix bien supérieur à sa valeur réelle du moment.
Et comme il s’agit d’un titre particulièrement volatil,
le scénario défavorable n’a rien d’exceptionnel.
Certaines plateformes permettent en plus de vendre ces options avec effet de levier,
ce qui amplifie considérablement les pertes en cas de baisse soudaine.
Un appel de marge peut alors forcer la vente des positions, parfois au pire moment.
Le piège du discours marketing
Les publicités autour des « programmes de royalties » sont habilement formulées.
Elles parlent de « revenus cachés », de « redevances trimestrielles » ou de « stratégies d’élite ».
Mais elles omettent deux éléments essentiels :
- Le gain est limité à la prime encaissée.
- La perte peut être très importante si l’action chute.
En présentant une opération spéculative comme un revenu stable,
ces offres brouillent la frontière entre investissement discipliné et pari à haut risque.
Elles s’adressent à l’émotion plutôt qu’à la raison.
Quand cette stratégie peut avoir du sens
La vente de puts n’est pas forcément une mauvaise stratégie,
mais elle doit être utilisée avec prudence et dans un cadre bien défini.
Elle peut être pertinente si :
- L’investisseur souhaite réellement détenir Nvidia à long terme.
- Il dispose du capital complet pour acheter les actions si elles lui sont attribuées.
- Il choisit un prix d’exercice suffisamment éloigné du cours actuel.
- Il n’utilise pas d’effet de levier.
Dans ce cas, la vente du put devient une manière d’acheter à prix réduit,
tout en étant rémunéré pour patienter.
Mais ce n’est plus une stratégie de revenus : c’est une approche d’investissement disciplinée, avec un risque clairement accepté.
Ce qu’il faut retenir
Les soi-disant « royalties Nvidia » ne sont pas un revenu garanti.
Elles reposent sur une stratégie d’options dont les risques sont souvent minimisés dans la communication commerciale.
Avant de céder à la promesse de gains faciles, il est essentiel de se demander :
« Quel risque réel suis-je en train de prendre pour obtenir ce rendement ? »
La bourse offre déjà des méthodes éprouvées, simples et transparentes,
comme les ETF de croissance ou les stratégies de momentum disciplinées,
qui permettent de bâtir un capital durable sans recourir à des produits dérivés complexes.
Et puis, si les “royalties Nvidia” étaient vraiment une source de revenus sans risque…
il y a longtemps que Nvidia elle-même les utiliserait pour financer ses usines !

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